Le projet Démocratie libre - ou la dL - tient son nom d'une inspiration du mode de développement des logiciels libres ou de projets tels que Wikipedia. Ils ont démontré de façon spectaculaire l'efficacité de la collaboration de masse sur Internet pour réaliser des projets complexes et de grande ampleur, tel que le développement de systèmes d'exploitation ou la rédaction d'une encyclopédie. Ce projet cherche à recourir à la collaboration de masse dans le domaine politique, pour l'élaboration des lois.
Cet objectif est rendu réalisable grâce aux moyens de communication apparus dans les dernières décennies. Ce projet naît de la conviction qu'internet est l'outil le plus adapté pour organiser la vie politique. Il est idéal pour mettre en place des débats car l'accès à l'information est rapide et simple, ce qui permet notamment de sourcer ses propos efficacement. De plus il ne nécessite pas une présence physique constante à la différence d'une discussion de vive voix : un forum de discussion permet à chacun des intervenants de reprendre le fil du débat quand il le veut. Enfin il permet d'automatiser des tâches qui demanderaient un travail considérable et laborieux dans le cadre d'un traitement par des humains. Dans le cas que l'on considère, il s'agit de la gestion des interactions et la coordination du travail d'une assemblée constituée de millions d'intervenants potentiels.
La dL vise à proposer une organisation politique alternative au système représentatif. Elle a pour intention la mise en place d'un système donnant aux citoyen(ne)s et aux organisations de la société - associations, sociétés, institutions publiques etc - des moyens directs d'expression politique, en limitant le recours à la représentativité par des élus. L'idée est de rendre ainsi le domaine politique plus transparent, et de diversifier les milieux impliqués dans l'organisation de la société.
Afin de réaliser cela, une réorganisation de l'administration centrale de l'État est nécessaire. Cette nouvelle structure viendrait remplacer le Parlement (Assemblée nationale et Sénat), le Président de la République et le Premier ministre. Sauf mention contraire, tout autre statut ou institution de la Vème République est maintenu, notamment les institutions décentralisées telles que les collectivités territoriales, ainsi que le pouvoir judiciaire. De même les institutions supranationales ne sont pas concernées. Les citoyen(ne)s seraient donc toujours consultés pour l'élection de leur maire ou de leur député européen.
Les principales institutions permanentes du système proposé sont composées du Forum, de l'Administration centrale et des ministères. Le Forum désigne le système informatique permettant de coordonner le travail des acteurs du système proposé. Les ministères prennent une forme très similaire à celle des ministères de la Vème République, leur principale fonction étant la gestion quotidienne des services d'État tels que la Police, l'Éducation nationale, le système de santé publique… De manière générale, la plupart des institutions qui seront introduites ont des compétences similaires sous la Vème République. Dans ce cas on conserve leur nom. Cette démarche cherche à témoigner du souci porté à présenter un système dans la continuité de la Vème République.
On considère que le principal objectif du système politique est de formuler auprès de ces services des instructions permettant à la société d’être organisée de la manière la plus proche possible de celle souhaitée par ses citoyens. Ces services sont censés par la suite faire respecter ces instructions par les citoyens et les organisations (associations, sociétés, institutions publiques…).
L'élaboration et la sélection de ces instructions se fait au travers de trois étapes :
Ce qu'on appelle "société civile" désigne les citoyen(ne)s ainsi que les organisations, qu'elles soient publiques ou privées, commerciales ou non (associations, sociétés, institutions publiques…). Le droit de vote est cependant réservé aux citoyen(ne)s.
Sous la Vème République, on demande en général au citoyen de se prononcer sur l'élection d'un représentant. Il vote pour un programme politique regroupant un ensemble de projets couvrant l'ensemble des thématiques politiques, et pour la personnalité et le parti qui portent ce programme.
Dans le système considéré, il lui est proposé de se prononcer sur des projets particuliers, et même de les rédiger par lui-même. Il dispose donc de moyens plus riches pour exprimer sa vision personnelle de la société. On lui propose en quelque sorte de composer son propre programme politique.
Il est beaucoup plus consulté que sous le système actuel. Bien sûr il n'est pas question de lui imposer de se prononcer à chaque fois qu'une décision doit être prise, pas plus qu'il n'est question d'attendre l'avis de tous les citoyens pour prendre une décision.
L'expression des citoyens se fait au travers du Forum :
Tout citoyen est libre de participer de ces deux manières. Ainsi, aucune décision ne se fait sans l’aval des citoyens. Le citoyen est à l’origine de la proposition et il la décide. Ce qui n’est pas le cas dans le système actuel. Dans notre projet, il ne s’investit pas pour des projets vagues et des idées générales, mais pour des propositions concrètes.
Le Forum impose aux citoyens une activité anonyme. Dans leur propre intérêt, il ne permet pas que soit divulgué publiquement une opinion politique personnelle.
Les organisations désignent de façon large les acteurs de la société qui ne sont pas des individus. Ce qui inclut notamment les associations, les entreprises, les institutions publiques etc. Autrement dit les personnes morales selon le terme juridique.
L'expression des organisations se fait, comme pour les citoyens, au travers du Forum. Elles peuvent y déposer leurs propositions, cependant elles ne participent pas à leur sélection. Elles n'ont pas de droit de vote et elles n'ont pas la possibilité - contrairement aux citoyens - d'agir sur le Forum de façon anonyme.
On peut supposer que les organisations participent de façon active sur le Forum puisqu'on s'attend à ce que l'activité de lobbying politique se reconvertisse majoritairement sous cette forme. D'autre part, la complexité de la rédaction des propositions incitera probablement les citoyen(ne)s à s'organiser collectivement pour porter leur projet.
Les partis politiques sont supprimés. Bien sûr les regroupements politiques sont autorisés mais ils sont structurés sous la forme d'associations, sans statut ni financement particulier.
Le Forum est une plateforme de communication fondée sur un programme informatique accessible au travers d'un réseau tel qu'internet. Il permet à ses utilisateurs - les citoyens et les organisations - de publier leurs propositions, et ouvre des espaces de discussion et de travail autour de ces dernières. Il prend donc une forme très similaire à celle d'un réseau social traitant de la politique.
Le rôle du Forum est d'organiser la production et la classification de ces propositions et de faire émerger celles qui sont représentatives d'une aspiration des citoyens. Pour ce faire il automatise plusieurs procédures - recourant notamment au vote des citoyens - permettant la sélection des propositions. Il a donc un fort pouvoir de décision, puisqu'il concentre tout le pouvoir d'initiative législative.
Les propositions qui sont adoptées sont ensuite transmises en tant qu'instructions au pouvoir exécutif. Ainsi il établit le pont entre les organisations et les citoyens, et le pouvoir exécutif.
Les citoyens - outre la publication de leurs propositions - peuvent annoncer leur soutien aux propositions qu'ils jugent pertinentes, ou leur rejet des propositions qui ne correspondent pas à leurs valeurs. Ils constituent ainsi en quelque sorte leur propre programme politique.
Le Forum leur permet de suivre l'actualité politique et d'accéder à une documentation détaillée sur le fonctionnement de l'État : fonctionnement des organismes d'État, budgets, droit, données statistiques etc.
Le Forum est donc une instance particulière par plusieurs aspects. D'une part c'est un acteur majeur du système puisqu'il a pour tâche de décider des instructions transmises au pouvoir exécutif. D'autre part son caractère immatériel et impersonnel est troublant.
L'Administration du Forum, qui est un service de l'Administration centrale, est chargée de deux missions essentielles à son bon fonctionnement :
Le règlement du Forum a valeur constitutionnelle.
Les groupes exécutants sont des acteurs temporaires du pouvoir exécutif.
Lors de la rédaction d'une proposition, ses auteurs doivent prévoir la composition d'une équipe chargée de sa mise en place dans le cas où elle serait adoptée par le Forum, ce qui constitue le groupe exécutant de la proposition. On imagine bien qu'en général le(s) auteur(es) d'une proposition souhaiteront également participer à sa mise en place, et on voit mal qui serait mieux placé pour remplir cette tâche. Mais ils pourraient par exemple demander le recrutement d'une ou de plusieurs personnes extérieures à la rédaction du projet qu'ils jugeraient utiles pour sa mise en place. C'est également aux auteurs de la proposition que revient la décision de l'organisation interne de ce groupe, et en particulier du choix du mécanisme de prise de décision au sein de ce groupe.
Un groupe exécutant est donc créé à chaque loi promulguée par le Forum afin d'assurer son exécution.
Les groupes exécutants s'adressent aux ministères concernés pour financer et mettre à disposition les services d'État nécessaires à l'exécution de leur loi. Les ministères doivent se soumettre à leurs demandes du moment qu'elles sont légitimes par rapport à ce qui a été validé par le Forum, et donc par les citoyens. On peut remarquer que plus la loi promulguée aura été rédigée de façon précise, plus la marge d'interprétation sur l'étendue des pouvoirs laissés au groupe exécutant sera étroite.
L'État prend en charge le dédommagement des individus faisant partie d'un groupe exécutant pour l'éventuel arrêt de leur activité professionnelle pendant la période de leur mission.
Une fois que l'exécution de la loi est finalisée et qu'elle est incluse de façon permanente dans la politique de l'État le groupe exécutant qui lui est associé est dissout.
Les ministères sont les institutions permanentes nationales du pouvoir exécutif. Ils ont une forme similaire à celle qu'ils prennent sous la Vème République.
Ils remplissent deux fonctions principales :
Ils n'ont pas le droit de déposer des propositions sur le Forum.
Chaque ministère dispose d'un domaine de compétence (éducation, finances, affaires étrangères…) L'ensemble des compétences de chaque ministère couvre tout le domaine politique.
La répartition du budget annuel de l'État détermine les ressources attribuées à chaque ministère, et notamment la part dédiée à la réalisation des propositions issues du Forum.
Chaque ministère est dirigé par un ministre. Leur fonctionnement interne n'est pas détaillé davantage.
Chaque ministre a deux fonctions principales :
Les ministres sont recrutés sur concours de la fonction publique, leur mandat est valable 5 ans.
L'Administration centrale ne désigne pas une institution particulière mais plutôt un groupement d'administrations nécessaires au bon fonctionnement du système.
Lorsque de premier abord on envisage un système de démocratie directe, deux craintes principales se présentent : l'incompétence de la population et le manque de moyens de contrôle de ses décisions. Ces institutions sont mises en place pour pallier à ces problèmes.
L'Administration centrale est composée de 4 organismes dont les rôles sont répartis comme suit.
L'Administration du Forum est chargée de sa maintenance et de son développement. Elle fournit les solutions techniques pour la réalisation du Forum. Elle a pour tâche de veiller à ce qu'il soit conforme aux attentes exigées par la Constitution et doit faire respecter son règlement. Elle est donc en particulier responsable de sa sécurité et du bon déroulement des débats, autrement dit de sa modération.
Le Conseil du Forum, composé principalement de techniciens juridiques, est chargé de vérifier la régularité juridique des propositions adoptées par le Forum, notamment quant au respect de la hiérarchie des normes. Par exemple, une proposition issue du Forum ne peut pas contredire le droit européen, car celui-ci est considéré comme étant de hiérarchie supérieure. Dans le cas où le Conseil du Forum soupçonne qu'une proposition soit contraire à la Constitution - également de hiérarchie supérieure, sauf dans le cas d'une révision de la Constitution elle-même - il saisit le Conseil constitutionnel.
Il doit systématiquement donner son accord à la forme finale des propositions avant la consultation des citoyens.
Il a également pour mission d'assister juridiquement les auteurs de propositions dans leur rédaction, de façon à produire des textes recevables par l'administration de l'État. Il organise donc un service d'assistance pouvant être consulté de façon permanente par les citoyens et les organisations.
Le Conseil du Forum a donc une fonction analogue à celle du Conseil d'État sous la Vème République, dans sa fonction de conseiller au gouvernement. Le Conseil d'État - dans la Constitution de la dL - perd donc cette fonction mais il reste l'échelon suprême de la juridiction administrative. Cette séparation du Conseil d'État sous la Vème République en deux institutions - Conseil du Forum et Conseil d'État - est nécessaire pour qu'il ne soit pas amené à juger de sa propre action, ce qui sera justifié plus loin.
Le Conseil constitutionnel est chargé de vérifier que les propositions adoptées par le Forum sont en accord avec la Constitution. Son rôle est donc très similaire à celui qui lui est donné sous la Vème République.
Il est composé de 9 juristes recrutés sur concours. Leur mandat est valable 5 ans. On renouvèle les deux membres les plus anciens tous les ans.
La Cour des comptes est chargée de vérifier que les propositions adoptées par le Forum présentent un cadre budgétaire réaliste par rapport aux finances publiques.
Elle organise également un service d'assistance aux rédacteurs de propositions pour les aider à budgétiser leurs projets.
Elle doit systématiquement donner son accord à la forme finale des propositions avant la consultation des citoyens.
La justice administrative, tout comme sous la Vème République, a pour rôle de trancher les conflits qui concernent l'administration de l'État. Elle juge notamment les conflits entre les acteurs précédemment cités, et peut être saisie par n'importe lequel d'entre eux.
Son organisation n'est pas modifiée par rapport à la Vème République.
Le Conseil d'État reste la plus haute juridiction de la justice administrative. Cependant il perd son rôle de conseiller du Gouvernement.
Il est naturel de penser dans un premier temps que le Conseil d'État remplisse également le rôle de Conseil du Forum, qui est analogue à celui de conseiller du Gouvernement, qu'on lui attribue sous la Vème République. Mais si tel était le cas, le Conseil d’État jugerait lui-même ses conflits avec les citoyens (par exemple au sujet d’une proposition qu’il aurait rejetée)… D'où la nécessité de la création du Conseil du Forum comme institution indépendante du Conseil d'État.
La première partie a permis de faire une première présentation des principaux acteurs du système politique proposé. Cette seconde partie présente de façon plus détaillée comment s'organise le travail de ces acteurs de façon à produire des décisions et à réaliser des projets politiques représentatifs des aspirations des citoyens.
L'arbre des thématiques est l'élément central du Forum. Son rôle est de structurer et de centraliser l'expression des acteurs du système. Il propose une décomposition des compétences de l'État en thématiques, ce qui permet de classifier les propositions des utilisateurs du Forum en fonction du sujet abordé.
On utilise trois niveaux pour partitionner les domaines d'action de l'État, du plus large au plus précis :
On dénombre environ 10 racines, 50 missions et 200 programmes. À chaque racine est rattachée une ou plusieurs administrations centrales, en général un ministère.
Cette structuration a également un grand intérêt au niveau budgétaire, puisqu'elle permet de clarifier la répartition du budget annuel de l'État dans les différentes thématiques.
La décomposition proposée par l'arbre des thématiques est directement inspirée de ce qui est fait dans les lois de finances sous la Vème République. On peut donc se faire une idée précise de ce à quoi il ressemble en consultant l'État B des lois de finances, qui résume la partie dépensière du budget de l'État (voir par exemple pg 210 de la Loi de finances pour 2020). On y trouve par exemple la mission Défense, une des principales missions en termes de budget, dotée d'environ 50 milliards d'euros. Elle est subdivisée en 4 programmes : Environnement et prospective de la politique de défense, Préparation en emploi des forces, Soutien de la politique de la défense et Équipement des forces.
Le site de la dL, qui est une simulation du Forum, propose donc un arbre des thématiques, dans lequel les utilisateurs peuvent publier leurs propositions.
Toutes les thématiques qui composent l'arbre, ne peuvent pas être traitées de manière strictement équivalente. On distingue deux catégories :
En analysant brièvement les titres des lois promulguées par le Parlement, on peut estimer que 60 à 70% de celles-ci relèvent de thématiques normales.
Une proposition est un ensemble de textes qui décrit un projet politique.
Elle est publiée sur le Forum par son auteur et classée dans une thématique qui correspond à son objet. Un des intérêts du Forum est de fournir une plateforme qui recense et classe les propositions afin de les faire évoluer et de pouvoir les comparer facilement.
L'auteur d'une proposition peut être un citoyen (personne physique) ou une organisation (personne morale).
L'objectif d'un auteur est de défendre sa proposition devant les citoyen(ne)s afin que celle-ci soit promulguée comme loi par le Forum.
Une proposition peut par exemple traiter :
Dans sa forme finale, une proposition est analogue aux dossiers législatifs qui sont produits par le Parlement et le Gouvernement sous la Vème République. On peut les trouver sur le site Légifrance. De même que ces derniers, elle se décompose principalement en deux parties :
les motifs : cette partie présente le projet dans un langage qui doit être le plus accessible possible. L'auteur y présente l'état actuel du droit sur l'objet de sa proposition et les arguments qui l'amènent à vouloir le modifier. Il présente également un planning détaillé de la procédure de mise en place de sa proposition ainsi qu'une évaluation de son coût financier et en temps de travail. Cette partie comprend également les motifs article par article des dispositions de la seconde partie. Cette première partie n'a pas de valeur juridique propre. Pour faire l'analogie avec les dossiers législatifs sous la Vème République, il s'agit des différents rapports, études d'impacts, motifs… qui sont fournis par les porteurs d'une proposition ou d'un projet de loi devant le Parlement. Son style d’écriture est donc plutôt libre et, si les motifs doivent être clairs, ils ne doivent pas être écrits d’une manière spécifique. Contrairement aux dispositions de la seconde partie.
les dispositions par articles : cette partie correspond au texte législatif qui sera potentiellement voté. Elle a donc, contrairement à la première partie, une valeur juridique propre. Elle est tout à fait analogue à la première idée qu'on se fait d'un texte de loi. Elle est décomposée par articles pour structurer le texte, mais aussi afin que ceux-ci puissent être amendés par les autres utilisateurs. C'est-à-dire qu'ils puissent proposer une nouvelle rédaction d'un article, voire proposer d'en ajouter un. Le plus fréquemment, un article va modifier un code juridique (par exemple le Code civil). Afin de mieux structurer le texte, la proposition peut également être subdivisée en titres, chapitres… Cette partie est la plus difficile à rédiger car elle nécessite de fortes compétences juridiques. Les auteurs peuvent profiter d'une part de l'aide des autres utilisateurs du Forum intéressés par leur projet, d'autre part d'une assistance juridique continue fournie par un service du Conseil du Forum. Enfin dans cette partie est nécessairement mentionnée la procédure d'exécution de la proposition. Cette procédure détaille chronologiquement les étapes pour sa mise en place dans le cas où elle serait promulguée comme loi, ainsi que la composition et l'organisation de son groupe exécutant, qui ferait autorité dans le cadre de son exécution.
Le travail de rédaction n'est pas rémunéré par l'État. On ne fixe pas de contrainte quant au nombre de personnes chargées de rédiger une proposition. Il peut aussi bien s'agir d'un individu isolé qui y consacre une partie de son temps libre, que d'une organisation qui la fait rédiger par des salariés.
Les citoyens publient sous un pseudonyme imposé par le Forum qui ne fait pas référence à leur identité réelle. Ils peuvent donc conserver un certain anonymat. En revanche les organisations publient nécessairement sous leur propre identité.
Les propositions publiées sont déposées sous une licence type Creative Commons, pour permettre une réutilisation simple par d'autres utilisateurs.
Pour en savoir plus sur la rédaction d'une proposition : Tutoriel pour la rédaction d'une proposition
Lorsque l'auteur d'une proposition estime qu'elle a une forme intéressante, ils peut saisir l'Administration centrale pour la soumettre à sa validation. Cette dernière est chargée de juger du sérieux de sa démarche, et de vérifier que les critères de définition d'une proposition sont respectés. Ce jugement ne doit pas porter sur la valeur politique du projet, qui sera jugée par les citoyen(ne)s, mais sur le respect de la forme d'une proposition.
Cette procédure passe d'abord par le Conseil du Forum, qui vérifie que les motifs de la proposition sont suffisamment clairs et détaillés. Il vérifie également que les dispositions proposées relèvent de la compétence de l'État, et qu'elles ne contredisent pas les normes supérieures telles que le droit européen ou international. Le Conseil constitutionnel vérifie pour sa part que la proposition ne contredit pas le droit constitutionnel. Enfin, la Cour des comptes vérifie que les dispositions financières de la proposition sont compatibles avec l'équilibre des finances publiques.
Dans le cas où une proposition ne passerait pas l'examen de ces institutions, celles-ci doivent rendre un rapport public justifiant leur refus ainsi que leurs recommandations à l'auteur pour améliorer sa rédaction.
À partir du moment où la proposition a passé cette validation, les citoyens peuvent exprimer leur positionnement (soutien ou rejet) à l'égard de la proposition.
Une fois qu'une proposition est validée, les citoyens peuvent exprimer leur positionnement à l'égard de celle-ci, sans toutefois s'engager dans sa mise en application. Un soutien donne un point à la proposition tandis qu'un rejet lui retire un point. La somme de ces points donne le nombre de soutiens à la proposition, qui peut donc être négatif dans le cas où la proposition recueille plus de rejets que de soutiens.
Afin d'éviter un effet boule de neige qui inciterait les utilisateurs du Forum à lire en priorité les propositions les plus soutenues, on n'affiche pas à l'utilisateur le nombre de soutiens qu'une proposition a obtenus. Pour les mêmes raisons l'ordre de classement des propositions dans chaque thématique doit être modifié régulièrement de façon aléatoire.
Ce nombre de soutiens intervient dans la procédure d'adoption des propositions.
D'un point de vue budgétaire, on peut distinguer 2 catégories de propositions en fonction de leur impact sur les recettes de l'État : les propositions dépensières et les propositions de ressources.
LES PROPOSITIONS DÉPENSIÈRES
Les propositions dépensières vont accroître les dépenses de l'État ou de la Sécurité sociale. Afin d'éviter une dérive budgétaire, il est crucial de contraindre l'auteur d'une proposition à détailler les modalités de financement de son projet. On rappelle qu'il peut demander assistance au service dédié de la Cour des comptes pour réaliser cette tâche. Cette contrainte est appliquée concrètement lors de la demande de validation de la proposition. C'est la Cour des comptes qui est chargée de juger de la cohérence de la stratégie de financement, avant que la proposition ne puisse être soumise au vote des citoyens.
Exemples :
Toute dépense de l'État est classifiée dans un programme, qui correspond à une ligne budgétaire. Par conséquent, une proposition dépensière - à l'exception d'une proposition dépensière fiscale - devra nécessairement s'intégrer dans un programme. Plusieurs options se présentent alors à l'auteur.
Si aucun programme existant ne correspond au sujet de sa proposition, il peut choisir de créer un nouveau programme. Le financement de ce nouveau programme peut alors se faire :
S'il décide d'intégrer sa proposition dans un programme existant :
Le mécanisme qu'on vient de détailler a pour but de contraindre l'auteur d'une proposition dépensière à confronter le gain espéré du projet aux conséquences négatives qu'entraînerait sa mise en place, c'est-à-dire la fermeture d'autres programmes ou l'augmentation des impôts.
Quelle que soit la stratégie de financement adoptée par l'auteur, elle devra être détaillée dans une proposition de ressources.
LES PROPOSITIONS DE RESSOURCES
Les propositions de ressources permettent d'accroître les recettes de l'État - celles-ci étant principalement composées de l'emprunt et des impôts - ou de libérer des ressources.
Exemples :
Ces propositions sont classées dans une thématique spéciale du fait que leur adoption ne suit pas la procédure normale. En effet, les propositions de ressources ne sont jamais mises en place de manière directe. De même qu'une proposition dépensière doit justifier de son financement, l'exécution d'une proposition de ressources doit être motivée par une action. Il existe 2 mécanismes pour la mise en place d'une proposition de ressources :
Le Forum est ouvert de façon permanente, sur tous les sujets. À n'importe quel moment un citoyen ou une organisation peut y déposer une proposition dans la thématique de son choix. Chaque thématique contient donc des solutions variées à la problématique qu'elle pose, issues de différents milieux de la société et de différents points de vue. L'arbre des thématiques, ainsi agrémenté des propositions issues des citoyen(ne)s et des organisations, constitue une base de données organisée de projets politiques.
Cette étape de production et de classification des propositions est essentielle sur deux points :
L'arbre des thématiques est donc un outil puissant qui offre un cadre clair d'expression et de dialogue entre les acteurs du système. Il fournit les conditions optimales pour permettre l'élaboration de projets politiques de grande qualité. Cependant, du fait de sa grande tolérance, favorisant la liberté d'expression, la contrepartie est qu'il peut contenir le meilleur comme le pire. Les propositions qu'il héberge sont de qualité très variable, et peuvent autant décrire des projets brillants que des projets totalement irréalistes, voire dangereux.
Le rôle du Forum ne se limite pas à offrir une tribune d'expression. C'est l'institution qui produit la loi. Il faut donc trouver les moyens pour filtrer cette production et en ressortir des décisions qui servent l'intérêt général.
Deux questions fondamentales sont abordées dans cette section :
Les thématiques contenus dans l'arbre suivent toutes une chronologie cyclique, schématisée par la figure suivante. Chaque cycle est divisé en 5 périodes. La première période de désignation permet de désigner la prochaine thématique qui va être considérée. Elle est suivie par une période d'examen qui permet de présélectionner 5 propositions parmi celles classifiées dans la thématique. Ces 5 propositions sont alors soumises au vote des citoyens lors de la troisième étape. Le résultat de ce vote mène à la promulgation de la proposition et à l'ouverture de la période d'exécution de la thématique. Elle se termine par une évaluation et une analyse des résultats de cette période d'exécution lors de l'audit. Dans cette section on aborde les trois premières étapes de ce cycle qui se concluent par la promulgation d'une proposition. On détaillera donc la procédure qui permet la prise de décision. Les étapes d'exécution et d'audit seront détaillées dans la section suivante.
FIXER L'ORDRE DU JOUR
Fixer l'ordre du jour, c'est décider de l'ordre dans lequel les sujets vont être débattus et de l'ordre dans lequel les décisions vont être prises. C'est une question importante puisqu'elle détermine la priorité qui est donnée sur un sujet par rapport à un autre. Pourquoi cette thématique serait-elle prioritaire par rapport à une autre ? Comment décide-t-on de cet ordre de priorité ? On rappelle que dans le cadre de la dL les débats relatifs à toutes les thématiques ne sont jamais interrompus sur le Forum. On parle donc uniquement dans cette section de la prise de décision. Néanmoins on anticipe facilement que cet ordre du jour fixé par le Forum aurait une grande influence sur le débat public dans les media par exemple.
Sous la Vème République, c'est en pratique le Gouvernement qui détient ce pouvoir. Il décide donc du sujet des débats qui auront lieu à l'Assemblée nationale et au Sénat, et de la majorité des textes qui vont être soumis au vote du Parlement. C'est dans la logique de cette constitution, qui donne de grands pouvoirs à l'exécutif. Le Gouvernement en pratique dicte les lois, et donc empiète largement sur le pouvoir législatif. La logique qui mène à ce système est de pouvoir légiférer rapidement pour que le gouvernement en fonction puisse mettre en place son programme et qu'on puisse en voir les conséquences dans le temps de mandat qui lui est imparti. Il pourra ainsi plaider en faveur de ses actions lors de la prochaine élection. C'est donc plutôt une considération de jugement du gouvernement en place qui dicte la façon dont est produite la loi, et non la recherche de la meilleure façon de produire des lois de qualité. Laisser le contrôle de l'ordre du jour au Gouvernement a des conséquences nuisibles à une production législative de qualité. Premièrement, le Gouvernement est fortement incité à fixer l'ordre du jour selon des considérations électoralistes ou de communication. Quel sujet dois-je aborder et de quelle façon pour inspirer une bonne image aux électeurs ? pour recevoir une bonne critique de tel media ? La production législative est mise au service de la communication du Gouvernement et basée sur des considérations de court terme, alors qu'elle devrait avoir une ambition universaliste et structurelle. L'exemple typique de ce type de comportement est d'accorder une réduction d'impôts juste avant la prochaine élection. Ce phénomène pousse également à délaisser certains sujets qui sont considérés comme inintéressants pour le grand public et donc sans intérêt électif. Enfin, le gouvernement souhaitant donner une image de travailleur acharné va brasser beaucoup de vent en produisant une grande quantité de lois sans fond. Deuxièmement, un autre effet regrettable est que la production législative puisse être effectuée sous le coup de l'émotion d'un événement de l'actualité. Par exemple le projet de déchéance de nationalité a été proposé trois jours après les attentats de Paris en 2015 ! On n'envisagerait jamais de laisser un individu prendre une décision critique alors qu'il est en état de choc. De même un bon système politique ne devrait pas permettre de pouvoir écrire la loi sous le coup de l'émotion. Cette envie de légiférer dictée par l'actualité est aussi bien sûr poussée par des motifs électifs, ou simplement par la pression de la population, elle crirait au scandale de voir un Gouvernement qui ne réagit pas face à un événement majeur de l'actualité. Il se peut qu'il faille une réponse rapide, mais ce ne devrait jamais être d'écrire une loi ! Finalement, cet ordre du jour fixé sans méthode précise et selon les envies du Gouvernement rend la prise de décision imprévisible et irrégulière, ce qui perturbe et démotive particulièrement ceux qui doivent les mettre en application, ou s'y soumettre. Négliger la qualité du droit sur le long terme mène à fragiliser la confiance des citoyen(ne)s envers l'État. Pourquoi devrais-je respecter une loi qui a été rédigée pour servir des intérêts personnels ?