Le projet Démocratie libre - ou la dL - tient son nom d'une inspiration du mode de développement des logiciels libres ou de projets tels que Wikipedia. Ils ont démontré de façon spectaculaire l'efficacité de la collaboration de masse sur Internet pour réaliser des projets complexes et de grande ampleur, tel que le développement de systèmes d'exploitation ou la rédaction d'une encyclopédie. Ce projet cherche à recourir à la collaboration de masse dans le domaine politique, pour l'élaboration des lois.
Cet objectif est rendu réalisable grâce aux moyens de communication apparus dans les dernières décennies. Ce projet naît de la conviction qu'internet est l'outil le plus adapté pour organiser la vie politique. Il est idéal pour mettre en place des débats car l'accès à l'information est rapide et simple, ce qui permet notamment de sourcer ses propos efficacement. De plus il ne nécessite pas une présence physique constante à la différence d'une discussion de vive voix : un forum de discussion permet à chacun des intervenants de reprendre le fil du débat quand il le veut. Enfin il permet d'automatiser des tâches qui demanderaient un travail considérable et laborieux dans le cadre d'un traitement par des humains. Dans le cas que l'on considère, il s'agit de la gestion des interactions et la coordination du travail d'une assemblée constituée de millions d'intervenants potentiels.
La dL vise à proposer une organisation politique alternative au système représentatif. Elle a pour intention la mise en place d'un système donnant aux citoyen(ne)s et aux organisations de la société - associations, sociétés, institutions publiques etc - des moyens directs d'expression politique, en limitant le recours à la représentativité par des élus. L'idée est de rendre ainsi le domaine politique plus transparent, et de diversifier les milieux impliqués dans l'organisation de la société.
Afin de réaliser cela, une réorganisation de l'administration centrale de l'État est nécessaire. Cette nouvelle structure viendrait remplacer le Parlement (Assemblée nationale et Sénat), le Président de la République et le Premier ministre. Sauf mention contraire, tout autre statut ou institution de la Vème République est maintenu, notamment les institutions décentralisées telles que les collectivités territoriales, ainsi que le pouvoir judiciaire. De même les institutions supranationales ne sont pas concernées. Les citoyen(ne)s seraient donc toujours consultés pour l'élection de leur maire ou de leur député européen.
Les principales institutions permanentes du système proposé sont composées du Forum, de l'Administration centrale et des ministères. Le Forum désigne le système informatique permettant de coordonner le travail des acteurs du système proposé. Les ministères prennent une forme très similaire à celle des ministères de la Vème République, leur principale fonction étant la gestion quotidienne des services d'État tels que la Police, l'Éducation nationale, le système de santé publique… De manière générale, la plupart des institutions qui seront introduites ont des compétences similaires sous la Vème République. Dans ce cas on conserve leur nom. Cette démarche cherche à témoigner du souci porté à présenter un système dans la continuité de la Vème République.
On considère que le principal objectif du système politique est de formuler auprès de ces services des instructions permettant à la société d’être organisée de la manière la plus proche possible de celle souhaitée par ses citoyens. Ces services sont censés par la suite faire respecter ces instructions par les citoyens et les organisations (associations, sociétés, institutions publiques…).
L'élaboration et la sélection de ces instructions se fait au travers de trois étapes :
Ce qu'on appelle "société civile" désigne les citoyen(ne)s ainsi que les organisations, qu'elles soient publiques ou privées, commerciales ou non (associations, sociétés, institutions publiques…). Le droit de vote est cependant réservé aux citoyen(ne)s.
Sous la Vème République, on demande en général au citoyen de se prononcer sur l'élection d'un représentant. Il vote pour un programme politique regroupant un ensemble de projets couvrant l'ensemble des thématiques politiques, et pour la personnalité et le parti qui portent ce programme.
Dans le système considéré, il lui est proposé de se prononcer sur des projets particuliers, et même de les rédiger par lui-même. Il dispose donc de moyens plus riches pour exprimer sa vision personnelle de la société. On lui propose en quelque sorte de composer son propre programme politique.
Il est beaucoup plus consulté que sous le système actuel. Bien sûr il n'est pas question de lui imposer de se prononcer à chaque fois qu'une décision doit être prise, pas plus qu'il n'est question d'attendre l'avis de tous les citoyens pour prendre une décision.
L'expression des citoyens se fait au travers du Forum :
Tout citoyen est libre de participer de ces deux manières. Ainsi, aucune décision ne se fait sans l’aval des citoyens. Le citoyen est à l’origine de la proposition et il la décide. Ce qui n’est pas le cas dans le système actuel. Dans notre projet, il ne s’investit pas pour des projets vagues et des idées générales, mais pour des propositions concrètes.
Le Forum impose aux citoyens une activité anonyme. Dans leur propre intérêt, il ne permet pas que soit divulgué publiquement une opinion politique personnelle.
Les organisations désignent de façon large les acteurs de la société qui ne sont pas des individus. Ce qui inclut notamment les associations, les entreprises, les institutions publiques etc. Autrement dit les personnes morales selon le terme juridique.
L'expression des organisations se fait, comme pour les citoyens, au travers du Forum. Elles peuvent y déposer leurs propositions, cependant elles ne participent pas à leur sélection. Elles n'ont pas de droit de vote et elles n'ont pas la possibilité - contrairement aux citoyens - d'agir sur le Forum de façon anonyme.
On peut supposer que les organisations participent de façon active sur le Forum puisqu'on s'attend à ce que l'activité de lobbying politique se reconvertisse majoritairement sous cette forme. D'autre part, la complexité de la rédaction des propositions incitera probablement les citoyen(ne)s à s'organiser collectivement pour porter leur projet.
Les partis politiques sont supprimés. Bien sûr les regroupements politiques sont autorisés mais ils sont structurés sous la forme d'associations, sans statut ni financement particulier.
Le Forum est une plateforme de communication fondée sur un programme informatique accessible au travers d'un réseau tel qu'internet. Il permet à ses utilisateurs - les citoyens et les organisations - de publier leurs propositions, et ouvre des espaces de discussion et de travail autour de ces dernières. Il prend donc une forme très similaire à celle d'un réseau social traitant de la politique.
Le rôle du Forum est d'organiser la production et la classification de ces propositions et de faire émerger celles qui sont représentatives d'une aspiration des citoyens. Pour ce faire il automatise plusieurs procédures - recourant notamment au vote des citoyens - permettant la sélection des propositions. Il a donc un fort pouvoir de décision, puisqu'il concentre tout le pouvoir d'initiative législative.
Les propositions qui sont adoptées sont ensuite transmises en tant qu'instructions au pouvoir exécutif. Ainsi il établit le pont entre les organisations et les citoyens, et le pouvoir exécutif.
Les citoyens - outre la publication de leurs propositions - peuvent annoncer leur soutien aux propositions qu'ils jugent pertinentes, ou leur rejet des propositions qui ne correspondent pas à leurs valeurs. Ils constituent ainsi en quelque sorte leur propre programme politique.
Le Forum leur permet de suivre l'actualité politique et d'accéder à une documentation détaillée sur le fonctionnement de l'État : fonctionnement des organismes d'État, budgets, droit, données statistiques etc.
Le Forum est donc une instance particulière par plusieurs aspects. D'une part c'est un acteur majeur du système puisqu'il a pour tâche de décider des instructions transmises au pouvoir exécutif. D'autre part son caractère immatériel et impersonnel est troublant.
L'Administration du Forum, qui est un service de l'Administration centrale, est chargée de deux missions essentielles à son bon fonctionnement :
Le règlement du Forum a valeur constitutionnelle.
Lors de la rédaction d'une proposition, ses auteurs doivent prévoir la composition d'une équipe chargée de sa mise en place dans le cas où elle serait adoptée par le Forum, ce qui constitue le groupe exécutant de la proposition. On imagine bien qu'en général le(s) auteur(es) d'une proposition souhaiteront également participer à sa mise en place, et on voit mal qui serait mieux placé pour remplir cette tâche. Mais ils pourraient par exemple demander le recrutement d'une ou de plusieurs personnes extérieures à la rédaction du projet qu'ils jugeraient utiles pour sa mise en place.
Un groupe exécutant est donc créé à chaque proposition promulguée par le Forum afin d'assurer son exécution.
Un groupe exécutant est composé de 3 personnes, dont une personne au minimum ne fait pas partie de la fonction publique. Il n'est pas possible de cumuler les fonctions de membre d'une direction ministérielle (politique, interne, de service) et d'un groupe exécutant.
Les groupes exécutants s'adressent aux ministères concernés pour financer et mettre à disposition les services d'État nécessaires à l'exécution de leur proposition. Les ministères doivent se soumettre à leurs demandes du moment qu'elles sont légitimes par rapport à ce qui a été validé par le Forum, et donc par les citoyens. On peut remarquer que plus la proposition promulguée aura été rédigée de façon précise, plus la marge d'interprétation sur l'étendue des pouvoirs laissés au groupe exécutant sera étroite.
L'État prend en charge le dédommagement des individus faisant partie d'un groupe exécutant pour l'éventuel arrêt de leur activité professionnelle pendant la période de leur mission.
Une fois que l'exécution de la proposition est finalisée et qu'elle est incluse de façon permanente dans la politique de l'État, le groupe exécutant qui lui est associé est dissout.
L'originalité principale du système proposé par la dL repose sur les prises de décisions sur des questions structurelles. Ces dernières peuvent être traitées directement par le Forum, au travers de la procédure qu'on appelle normale qui sera détaillée plus loin. Cette procédure est lente car elle traite d'évolution au long terme de la sociéte. Les affaires courantes, la maintenance des services de l'État, certaines décisions urgentes ou ne relevant pas d'un calendrier prédéterminé - comme par exemple les affaires diplomatiques - ne peuvent pas être traitées correctement par cette procédure. Il semble donc indispensable de conserver des institutions permanentes en parallèle du Forum, dont le but est de gérer ce type de décisions. Les procédures de prise de décisions doivent y être plus simples et plus rapides que la procédure normale. La difficulté est que cette exigence d'efficacité ne doit pas conduire à une perte complète du caractère démocratique des décisions.
La dL conserve la structuration en ministères tel qu'elle est sous la Vème République. Chaque ministère dispose d'un domaine de compétence (éducation, finances, affaires étrangères…) L'ensemble des compétences de chaque ministère couvre tout le domaine de compétence de l'État.
La formation du Gouvernement sous la Vème République est en contradiction avec plusieurs principes de la dL.
Premièrement, sous la Vème République, chaque ministre est seul responsable des décisions de son ministère, ce qui entre en contradiction avec le fait qu'on ne souhaite pas une personification trop importante du pouvoir, et qu'on souhaite limiter la professionalisation des instances de décisions. La dL propose, en remplacement des ministres, la mise en place de directions politiques dans les ministères, dont les décisions sont prises de manière collégiale, plutôt qu'elles ne relèvent que d'un individu.
Deuxièmement, les membres du Gouvernement sous la Vème République sont nommés, alors que notre projet souhaite proposer un système politique sans recourrir à la nomination. Partant de ce principe, il faut donc trouver d'autres moyens pour recruter sur ces postes de direction. Utiliser des méthodes de recrutement standard (entretien, examen, concours, promotion interne) mènerait à ce que la classe politique professionnelle ait une main mise totale sur ces postes de décision. Ce mode de recrutement pourrait même paraître moins démocratique que sous la Vème République. Afin de pallier à ce problème, on intègre dans le collège formant la direction politique d'un ministère des individus issus directement de la population, recrutés par tirage au sort. Un tirage au sort réalisé en respectant la répartition statistique de la population (âge, sexe, catégorie sociale, territoire…) permet d'intégrer dans ces organes de décision des catégories de la population sous-représentées sous la Vème République. Cette intégration d'individus non-professionnels apporte des points de vue plus précis et plus variés sur la société que l'unique point de vue de la classe politique. Elle permet également un dialogue plus serein entre les directions ministérielles et l'ensemble de la population. Il est en effet probable que la majorité de la population se sente plus en confiance et comprenne mieux un discours issu d'un membre du collège tiré au sort que d'un professionnel de la politique. On espère donc qu'il permette de restaurer une confiance entre le pouvoir exécutif et la population. De plus, les membres de ce panel non-professionnel n'ont aucun moyen de renouveler leur mandat, ils semblent donc difficiles à corrompre. Finalement, ce panel non-professionnel agit également comme un observateur extérieur au sein des organes de décision et il permet d'apporter un regard critique extérieur qui maintient ces institutions sous surveillance.
LA DIRECTION POLITIQUE D'UN MINISTÈRE
La dL propose une organisation commune de chaque ministère. On décrit ici en particulier la direction politique, qui est le principal organe de décision dans chaque ministère.
Chaque direction politique est composée d'un collège de 9 personnes chargé de prendre les décisions. Il est composé de :
En cas de litige au sein du collège, les décisions sont prises par vote de chacun des membres qui détiennent chacun une voix. Le nombre impair de membres permet d'éviter un ex-aequo.
En ce qui concerne la durée des mandats, il faut faire un compromis entre le temps nécessaire à la formation, et le temps qu'un citoyen peut sacrifier de sa vie professionnelle sans trop de conséquences. Il ne faut pas que le mandat devienne trop long pour ne pas que puisse se mettre en place une corruption, et pour qu'un roulement puisse s'effectuer dans la population. La durée du mandat de chaque membre est de 27 mois, soit un peu plus de deux ans. Cette durée est choisie de façon à ce qu'un membre du collège soit remplacé tous les 3 mois. Le collège étant composé de 9 membres, il faut 27 mois pour renouveler complètement le collège. Le décalage des périodes de recrutement permet de maintenir une continuité dans la formation des décideurs, et une continuité dans l'action de la direction. Il n'existe donc pas de rupture violente de l'organisation du ministère comme c'est le cas sous la Vème République lors d'un changement de ministre ou de majorité.
Les tirés au sort représentent la population. Ils permettent d'inclure dans ces prises de décisions toutes les catégories de la société. Ils permettent également d'éloigner le fantasme d'une élite dirigeante qui ne travaillerait que dans son propre intérêt. On pourra bien sûr reprocher que cette partie du collège n'est pas formée au fonctionnement de l'État ni aux problématiques adressées par le ministère. Néanmoins ces membres sont recrutés à plein temps et ont tout leur mandat pour se former. Aussi, le roulement des membres permet une transmission des connaissances. Enfin, la partie professionnelle du collège, les conseillers et les experts extérieurs ont pour mission d'assurer sa formation.
La partie professionnelle du collège est formée aux mécanismes de l'État et est expérimentée sur les questions politiques. Son principal défaut est qu'elle évolue dans la classe politique et peut être déconnectée du vécu de la population. D'autre part, puisqu'elle cotoie régulièrement les classes dirigeantes de la société, et qu'elle est professionalisée, elle est plus succeptible d'être corrompue.
Cette composition du collège a pour but d'instaurer un dialogue quotidien entre les tirés au sort - qui représentent la population - et les professionnels de la politique. Ce dialogue est intéressant pour les deux parties. Les politiciens se trouvent confrontés au quotidien à argumenter et à vulgariser leur point de vue, tandis que les membres du collège non-professionnel se retrouvent confrontés à la complexité des questions politiques et aux difficultés de la prise de décision.
LES AUTRES ORGANES D'UN MINISTÈRE
La partie la plus visible d'un ministère est la direction politique, car c'est elle qui rend ses décisions. Cette direction politique n'a cependant pas tous les pouvoirs au sein du ministère, et elle nécessite un appui technique. Ce sont les rôles des organes supplémentaires qui sont proposés ici. Leur contribution est indispensable pour mettre en place un pouvoir exécutif efficace.
Les conseillers
La direction politique d'un ministère doit se prononcer sur des sujets variés dans un temps limité. Elle nécessite donc un appui technique au quotidien. C'est le rôle des conseillers. Ils ou elles sont employés à plein temps pour épauler les membres de la direction ministérielle. Ce sont des personnels qui connaissent les détails juridiques, le fonctionnement de l'État, et ont de bonnes capacités de synthèse pour transmettre les points clés de leurs connaissances afin d'orienter et de former les membres des directions politiques.
Chaque membre de la direction politique est libre de choisir un conseiller (extérieur au ministère) qui le suivra au cours de son mandat. En plus de ces conseillers extérieurs, s'ajoutent des conseillers internes. Ces derniers sont élus au travers d'élections professionnelles parmi tous les employés du ministère. Leur nombre dépend de la taille du ministère. Il est décidé par la direction interne du ministère. Le mandat de ces conseillers internes est de 5 ans, renouvelable 3 fois.
La direction interne
On découple l'organisation interne d'un ministère de la prise de décisions politiques. Il faut éviter les situations où un individu se retrouve à la fois doté d'un pouvoir de décisions politiques, et à la fois d'un pouvoir de recrutement. La prise de décisions politiques doit se faire, dans l'idéal, par unique considération de l'intérêt général sur le long terme. Il est clair que la combinaison d'un pouvoir politique avec un pouvoir de recrutement n'est pas conciliable dans ce cadre, car elle encourage des pratiques de corruptions et la confusion entre des intérêts personnels et l'intérêt général : "Je te donne ce poste si tu fermes les yeux sur les conséquences néfastes de ma politique pour l'intérêt général." La direction politique d'un ministère ne doit donc pas être liée à la gestion des ressources humaines du ministère. Ce raisonnement mène à la création d'un autre organe de décision dans chaque ministère qu'on appelle la direction interne.
La direction interne est chargée de l'organisation globale du ministère. Ceci comprend notamment l'organisation des élections des membres internes de la direction politique, des conseillers, et de ses propres membres. Elle décide également du découpage du ministère en services, et de l'organisation du travail interservices.
La direction interne est composée de 5 personnels du ministère, issus d'un vote parmi tous les employés du ministère. Chaque membre élu de cette direction se voit attribué un mandat de 5 ans renouvelable 3 fois. Un membre est remplacé tous les ans.
Les directions de services
Les services sont des sous-structures de chaque ministère qui permettent de répartir les tâches qui lui sont attribuées de façon organisée. Le nombre et les titres des services de chaque ministère suit la structure de l'arbre des thématiques (qui sera présenté plus loin). À chaque ministère correspond une racine de l'arbre, à chaque service correspond une mission, plusieurs services peuvent être associés à la même mission.
Une direction est attribuée à chaque service. Elle est chargée de la maintenance de ce dernier (notamment du recrutement de ses personnels) et de son adaptation aux directives issues de la direction politique.
Elle est composée de 5 personnels du ministère, issus d'un vote parmi tous les employés du service. Chaque membre élu de cette direction se voit attribué un mandat de 5 ans renouvelable 3 fois. Un membre est remplacé tous les ans.
Sous la Vème République, le Gouvernement est doté de forts pouvoirs législatifs. La majorité des lois sont à l'initiative de ce dernier, et non du Parlement. Sous la dL, les ministères ne produisent pas la loi et ne décident pas des orientations structurelles de la société. Ils ont pour rôle principal la maintenance des services d'État et leur adaptation aux décisions prises au travers du Forum. Leur marge d'autonomie est beaucoup plus restreinte que sous la Vème République.
On distingue 3 catégories de décisions politiques :
Les deux premières catégories sont du domaine du Forum. Un avis de la population est demandé pour chacune des décisions qui entrent dans ces catégories. C'est dans la dernière catégorie uniquement que les ministères peuvent prendre des décisions de façon autonome, sans passer par le Forum, et donc sans demander un avis de la population.
Les propositions publiées sur le Forum peuvent promulguer des lois, mais également des textes de règlement. Le Forum n'est donc pas restreint à la production de la loi. En revanche les ministères ne peuvent pas produire de loi, mais ils peuvent être à l'initiative de textes réglementaires (décrets, circulaires…), du moment qu'ils n'entrent pas en contradiction avec les textes promulgués par le Forum. Il est confié aux auteurs du Forum de mesurer le degré de précision dans la rédaction de leurs propositions de façon à cadrer au mieux l'action des ministères. Ceux-ci ne doivent pas se voir confier trop d'initiatives, sans quoi le système n'est plus démocratique. Cependant il doivent aussi bénéficier d'une certaine marge de manœuvre pour adapter l'action de l'État à des situations imprévisibles.
Les ministères comblent les domaines d'actions où le Forum ne peut pas agir seul : les décisions du quotidien et les décisions liées à l'actualité.
EXÉCUTION DES THÉMATIQUES NORMALES
Un des rôles des ministères sous la dL est la mise en œuvre concrète des propositions qui sont promulguées par le Forum. Cette autorité du Forum sur les ministères s'incarne par les groupes exécutants. Un groupe exécutant trouve sa légitimité dans le fait que la population ait voté majoritairement pour son projet. Ce projet a été défini lors de sa rédaction et, dans son cadre, donne l'autorité au groupe exécutant sur les ministères. Une des fonctions principales des ministères est donc de répondre aux demandes des groupes exécutants, en mettant à leur disposition les services de l'État. À l'inverse, il a pour rôle de contrôler leur action, en vérifiant que leurs demandes sont légitimes, c'est-à-dire qu'elles soient bien justifiées par le texte de la proposition qui a été promulguée. Si un conflit survient entre un groupe exécutant et un ministère, il doit être résolu par un juge administratif.
LES THÉMATIQUES SPÉCIALES
Les thématiques normales traitent d'orientations structurelles de l'action de l'État, sur le long terme. Elles sont donc gérées par une procédure lente, qui est la procédure normale décrite dans la section dédiée au Forum.
Les thématiques spéciales, quant à elles, gèrent tous les sujets conjoncturels, qui sont liés à l'actualité ou dictés par un calendrier extérieur, et pour lesquels les ministères sont incompétents, c'est-à-dire pour lesquels ils ne peuvent pas prendre de décision sans passer par le Forum.
Dans cette liste non-exhaustive on donne quelques exemples des sujets traités par des thématiques spéciales :
Les sujets traités par les thématiques spéciales sont variés et nécessitent des procédures qui leurs sont propres. Ils partagent cependant des caractéristiques communes :
Ces caractéristiques font qu'il est impossible de leur dédier une thématique à l'avance et qu'il est impossible de les traiter par une procédure commune. Ils nécessitent également une veille permanente de l'actualité.
La définition d'une thématique spéciale n'est pas d'une grande précision. Il faudrait dans l'idéal établir une liste exhaustive des cas qu'elles peuvent traiter, ou des cas réservés aux thématiques normales. Cette liste exhaustive est très difficile à produire, si ce n'est impossible. Aussi en tentant d'établir une telle liste à un temps donné, on risque d'être imprécis par rapport à une situation concrète future. C'est pourquoi on considère qu'il est nécessaire qu'une instance soit consacrée au traitement des thématiques spéciales au cas par cas, car on pressent qu'il est impossible d'anticiper pleinement la variété des thématiques spéciales qui pourront être imaginées. C'est au Conseil du Forum qu'est confiée cette tâche. Tous les autres acteurs du système peuvent saisir le Conseil du Forum pour demander l'ouverture d'une thématique spéciale.
Les ministères n'ont pas le droit de rédiger des propositions dans les thématiques normales car on ne souhaite pas qu'il puisse agir directement dans les décisions législatives et dans les choix structurels de l'État. On souhaite établir une frontière marquée entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
En revenche les directions politiques des ministères, comme tout autre acteur du système, ont le droit de saisir le Conseil du Forum pour argumenter de la nécessité d'ouvrir une thématique spéciale. Elles ont même une position privilégiée ici, puisqu'elles disposent de moyens importants pour être informés de façon rapide. Elles sont notamment responsables des relations diplomatiques.
Les directions politiques ont également le droit de rédiger des propositions dans les thématiques spéciales. Puisque celles-ci couvrent des sujets d'actualité, on est bien dans leur domaine de compétences. Il n'est cependant pas possible qu'un poste de direction dans un ministère soit cumulé avec une fonction dans un groupe exécutant.
LA REPRÉSENTATION DIPLOMATIQUE
Les ministères assurent également la représentation diplomatique de l'État à l'étranger. Chaque direction politique doit élire parmi ses membres professionnels un représentant diplomatique. Le vote est ouvert à tous les employés du ministère.
Le représentant diplomatique de la direction des Affaires étrangères prend le rôle diplomatique du Président sous la Vème République.
Le ministère des Affaires étrangères a pour rôle de répartir les représentants selon le type d'événement de la communauté internationale.
On décrit dans cette section les contre-pouvoirs qui sont présents pour vérifier qu'un ministère ne dépasse pas ses attributions selon le cadre d'action dans lequel il se trouve.
Dans le cadre de l'exécution d'une proposition normale, le ministère agit selon les ordres du groupe exécutant concerné. C'est donc ce dernier qui contrôle son action d'une façon stricte. C'est plutôt le ministère ici qui joue le rôle de contre-pouvoir face au groupe exécutant, en contrôlant que ce dernier ne dépasse du cadre de la proposition qu'il a fait promulguer par le Forum.
Le ministère peut également agir de façon autonome, dans le cadre d'une décision conjoncturelle mineure, c'est-à-dire hors du cadre d'une proposition normale ou d'une proposition spéciale. Ce domaine d'action permet par exemple au ministère de faire passer des textes règlementaires hors du cadre des propositions normales, c'est-à-dire dans un contexte de gestion conjoncturelle de l'action de l'État. Par exemple, un ministère peut émettre un arrété pour gérer un pic de pollution. Bien sûr, un ministère ne doit pas pouvoir utiliser ce mode d'action pour empiéter sur le domaine des thématiques spéciales. Le Conseil du Forum peut imposer à un ministère d'ouvrir une thématique spéciale s'il juge que l'action en question en relève.
L'ouverture d'une thématique spéciale par un ministère est contrôlée par le Conseil du Forum. Ce dernier doit vérifier que le sujet de la thématique n'empiète pas sur le domaine des thématiques normales, c'est-à-dire qu'il s'agit bien d'une prise de décision qui est dictée par l'actualité ou un calendrier extérieur. C'est par exemple dans ce cadre que sont traîtées les nouvelles directives européennes.
La direction politique d'un ministère est autorisée à rédiger des propositions spéciales. Cependant, il faut chercher à éviter une trop forte connivence entre une direction politique et un groupe exécutant. Pour cela on rappelle déjà qu'un mandat dans une direction ministérielle (politique, interne, de service) ne peut pas être cumulé avec un mandat dans un groupe exécutant. D'autre part, un groupe exécutant ne peut comporter qu'un employé du ministère en question au maximum, sur les trois membres qui le composent. Enfin, comme toute proposition, elle sera mise en concurrence lors du vote de la population. On compte donc également sur cette dernière pour veiller à ce que la relation de contre-pouvoir entre le groupe exécutant et la direction politique puisse s'établir correctement.
Le budget de l'État, et sa répartition notamment parmi les ministères, est voté tous les ans dans une thématique spéciale dédiée aux lois de finances. On renvoie donc à la section qui est dédiée (mais pas encore écrite !) à ces dernières pour entrer dans le détail de la définition du budget annuel d'un ministère.
Les services interministériels sont regroupés dans la Direction de l'administration centrale, dont on parle dans la section suivante.
L'organisation de la Direction de l'administration centrale est la même qu'un ministère, c'est-à-dire notamment que son organisation interne correspond au schéma présenté dans la section dédiée aux ministères. On ne lui donne pas le nom de "ministère" c'est une administration qui englobe ces derniers. Elle est composée de services interministériels ainsi que de 4 services indépendants qu'on détaille dans cette section.
La plupart des services du Premier ministre sous la Vème République sont regroupés dans cette institution.
L'Administration du Forum est un service chargée de la maintenance et du développement du Forum. Elle fournit les solutions techniques pour la réalisation du Forum. Elle a pour tâche de veiller à ce qu'il soit conforme aux attentes exigées par la Constitution et doit faire respecter son règlement. Elle est donc en particulier responsable de sa sécurité et du bon déroulement des débats, autrement dit de sa modération.
Le Conseil du Forum, composé principalement de techniciens juridiques, est chargé de vérifier la régularité juridique des propositions adoptées par le Forum, notamment quant au respect de la hiérarchie des normes. Par exemple, une proposition issue du Forum ne peut pas contredire le droit européen, car celui-ci est considéré comme étant de hiérarchie supérieure. Dans le cas où le Conseil du Forum soupçonne qu'une proposition soit contraire à la Constitution - également de hiérarchie supérieure, sauf dans le cas d'une révision de la Constitution elle-même - il saisit le Conseil constitutionnel.
Il doit systématiquement donner son accord à la forme finale des propositions avant la consultation des citoyens.
Il a également pour mission d'assister juridiquement les auteurs de propositions dans leur rédaction, de façon à produire des textes recevables par l'administration de l'État. Il organise donc un service d'assistance pouvant être consulté de façon permanente par les citoyens et les organisations.
Le Conseil du Forum a donc une fonction analogue à celle du Conseil d'État sous la Vème République, dans sa fonction de conseiller au gouvernement. Le Conseil d'État - dans la Constitution de la dL - perd donc cette fonction mais il reste l'échelon suprême de la juridiction administrative. Cette séparation du Conseil d'État sous la Vème République en deux institutions - Conseil du Forum et Conseil d'État - est nécessaire pour qu'il ne soit pas amené à juger de sa propre action, ce qui sera justifié plus loin.
Le Conseil constitutionnel est chargé de vérifier que les propositions adoptées par le Forum sont en accord avec la Constitution. Son rôle est donc très similaire à celui qui lui est donné sous la Vème République.
Il est composé de 9 juristes recrutés sur concours. Leur mandat est valable 5 ans. On renouvèle les deux membres les plus anciens tous les ans.
La Cour des comptes est chargée de vérifier que les propositions adoptées par le Forum présentent un cadre budgétaire réaliste par rapport aux finances publiques.
Elle organise également un service d'assistance aux rédacteurs de propositions pour les aider à budgétiser leurs projets.
Elle doit systématiquement donner son accord à la forme finale des propositions avant la consultation des citoyens.
La justice administrative, tout comme sous la Vème République, a pour rôle de trancher les conflits qui concernent l'administration de l'État. Elle juge notamment les conflits entre les acteurs précédemment cités, et peut être saisie par n'importe lequel d'entre eux.
Son organisation n'est pas modifiée par rapport à la Vème République.
Le Conseil d'État reste la plus haute juridiction de la justice administrative. Cependant il perd son rôle de conseiller du Gouvernement.
Il est naturel de penser dans un premier temps que le Conseil d'État remplisse également le rôle de Conseil du Forum, qui est analogue à celui de conseiller du Gouvernement, qu'on lui attribue sous la Vème République. Mais si tel était le cas, le Conseil d’État jugerait lui-même ses conflits avec les citoyens (par exemple au sujet d’une proposition qu’il aurait rejetée)… D'où la nécessité de la création du Conseil du Forum comme institution indépendante du Conseil d'État.
La première partie a permis de faire une première présentation des principaux acteurs du système politique proposé. Cette seconde partie présente de façon plus détaillée comment s'organise le travail de ces acteurs de façon à produire des décisions et à réaliser des projets politiques représentatifs des aspirations des citoyens.
L'arbre des thématiques est l'élément central du Forum. Son rôle est de structurer et de centraliser l'expression des acteurs du système. Il propose une décomposition des compétences de l'État en thématiques, ce qui permet de classifier les propositions des utilisateurs du Forum en fonction du sujet abordé.
On utilise trois niveaux pour partitionner les domaines d'action de l'État, du plus large au plus précis :
On dénombre environ 10 racines, 50 missions et 200 programmes. À chaque racine est rattachée une ou plusieurs administrations centrales, en général un ministère.
Cette structuration a également un grand intérêt au niveau budgétaire, puisqu'elle permet de clarifier la répartition du budget annuel de l'État dans les différentes thématiques.
La décomposition proposée par l'arbre des thématiques est directement inspirée de ce qui est fait dans les lois de finances sous la Vème République. On peut donc se faire une idée précise de ce à quoi il ressemble en consultant l'État B des lois de finances, qui résume la partie dépensière du budget de l'État (voir par exemple pg 210 de la Loi de finances pour 2020). On y trouve par exemple la mission Défense, une des principales missions en termes de budget, dotée d'environ 50 milliards d'euros. Elle est subdivisée en 4 programmes : Environnement et prospective de la politique de défense, Préparation en emploi des forces, Soutien de la politique de la défense et Équipement des forces.
Le site de la dL, qui est une simulation du Forum, propose donc un arbre des thématiques, dans lequel les utilisateurs peuvent publier leurs propositions.
Toutes les thématiques qui composent l'arbre, ne peuvent pas être traitées de manière strictement équivalente. On distingue deux catégories :
En analysant brièvement les titres des lois promulguées par le Parlement, on peut estimer que 60 à 70% de celles-ci relèvent de thématiques normales.
Une proposition est un ensemble de textes qui décrit un projet politique.
Elle est publiée sur le Forum par son auteur et classée dans une thématique qui correspond à son objet. Un des intérêts du Forum est de fournir une plateforme qui recense et classe les propositions afin de les faire évoluer et de pouvoir les comparer facilement.
L'auteur d'une proposition peut être un citoyen (personne physique) ou une organisation (personne morale).
L'objectif d'un auteur est de défendre sa proposition devant les citoyen(ne)s afin que celle-ci soit promulguée comme loi par le Forum.
Une proposition peut par exemple traiter :
Dans sa forme finale, une proposition est analogue aux dossiers législatifs qui sont produits par le Parlement et le Gouvernement sous la Vème République. On peut les trouver sur le site Légifrance. De même que ces derniers, elle se décompose principalement en deux parties :
les motifs : cette partie présente le projet dans un langage qui doit être le plus accessible possible. L'auteur y présente l'état actuel du droit sur l'objet de sa proposition et les arguments qui l'amènent à vouloir le modifier. Il présente également un planning détaillé de la procédure de mise en place de sa proposition ainsi qu'une évaluation de son coût financier et en temps de travail. Cette partie comprend également les motifs article par article des dispositions de la seconde partie. Cette première partie n'a pas de valeur juridique propre. Pour faire l'analogie avec les dossiers législatifs sous la Vème République, il s'agit des différents rapports, études d'impacts, motifs… qui sont fournis par les porteurs d'une proposition ou d'un projet de loi devant le Parlement. Son style d’écriture est donc plutôt libre et, si les motifs doivent être clairs, ils ne doivent pas être écrits d’une manière spécifique. Contrairement aux dispositions de la seconde partie.
les dispositions par articles : cette partie correspond au texte législatif qui sera potentiellement voté. Elle a donc, contrairement à la première partie, une valeur juridique propre. Elle est tout à fait analogue à la première idée qu'on se fait d'un texte de loi. Elle est décomposée par articles pour structurer le texte, mais aussi afin que ceux-ci puissent être amendés par les autres utilisateurs. C'est-à-dire qu'ils puissent proposer une nouvelle rédaction d'un article, voire proposer d'en ajouter un. Le plus fréquemment, un article va modifier un code juridique (par exemple le Code civil). Afin de mieux structurer le texte, la proposition peut également être subdivisée en titres, chapitres… Cette partie est la plus difficile à rédiger car elle nécessite de fortes compétences juridiques. Les auteurs peuvent profiter d'une part de l'aide des autres utilisateurs du Forum intéressés par leur projet, d'autre part d'une assistance juridique continue fournie par un service du Conseil du Forum. Enfin dans cette partie est nécessairement mentionnée la procédure d'exécution de la proposition. Cette procédure détaille chronologiquement les étapes pour sa mise en place dans le cas où elle serait promulguée comme loi, ainsi que la composition et l'organisation de son groupe exécutant, qui ferait autorité dans le cadre de son exécution.
Le travail de rédaction n'est pas rémunéré par l'État. On ne fixe pas de contrainte quant au nombre de personnes chargées de rédiger une proposition. Il peut aussi bien s'agir d'un individu isolé qui y consacre une partie de son temps libre, que d'une organisation qui la fait rédiger par des salariés.
Les citoyens publient sous un pseudonyme imposé par le Forum qui ne fait pas référence à leur identité réelle. Ils peuvent donc conserver un certain anonymat. En revanche les organisations publient nécessairement sous leur propre identité.
Les propositions publiées sont déposées sous une licence type Creative Commons, pour permettre une réutilisation simple par d'autres utilisateurs.
Pour en savoir plus sur la rédaction d'une proposition : Tutoriel pour la rédaction d'une proposition
Lorsque l'auteur d'une proposition estime qu'elle a une forme intéressante, il peut saisir l'Administration centrale pour la soumettre à sa validation. Cette dernière est chargée de juger du sérieux de sa démarche, et de vérifier que les critères de définition d'une proposition sont respectés. Ce jugement ne doit pas porter sur la valeur politique du projet, qui sera jugée par les citoyen(ne)s, mais sur le respect de la forme d'une proposition.
Cette procédure passe d'abord par le Conseil du Forum, qui vérifie que les motifs de la proposition sont suffisamment clairs et détaillés. Il vérifie également que les dispositions proposées relèvent de la compétence de l'État, et qu'elles ne contredisent pas les normes supérieures telles que le droit européen ou international. Le Conseil constitutionnel vérifie pour sa part que la proposition ne contredit pas le droit constitutionnel. Enfin, la Cour des comptes vérifie que les dispositions financières de la proposition sont compatibles avec l'équilibre des finances publiques.
Dans le cas où une proposition ne passerait pas l'examen de ces institutions, celles-ci doivent rendre un rapport public justifiant leur refus ainsi que leurs recommandations à l'auteur pour améliorer sa rédaction.
À partir du moment où la proposition a passé cette validation, les citoyens peuvent exprimer leur positionnement (soutien ou rejet) à l'égard de la proposition.
Une fois qu'une proposition est validée, les citoyens peuvent exprimer leur positionnement à l'égard de celle-ci, sans toutefois s'engager dans sa mise en application. Un soutien donne un point à la proposition tandis qu'un rejet lui retire un point. La somme de ces points donne le nombre de soutiens à la proposition, qui peut donc être négatif dans le cas où la proposition recueille plus de rejets que de soutiens.
Afin d'éviter un effet boule de neige qui inciterait les utilisateurs du Forum à lire en priorité les propositions les plus soutenues, on n'affiche pas à l'utilisateur le nombre de soutiens qu'une proposition a obtenus. Pour les mêmes raisons l'ordre de classement des propositions dans chaque thématique doit être modifié régulièrement de façon aléatoire.
Ce nombre de soutiens intervient dans la procédure d'adoption des propositions.
D'un point de vue budgétaire, on peut distinguer 2 catégories de propositions en fonction de leur impact sur les recettes de l'État : les propositions dépensières et les propositions de ressources.
LES PROPOSITIONS DÉPENSIÈRES
Les propositions dépensières vont accroître les dépenses de l'État ou de la Sécurité sociale. Afin d'éviter une dérive budgétaire, il est crucial de contraindre l'auteur d'une proposition à détailler le budget ainsi que la stratégie de financement de son projet. On rappelle qu'il est assisté par un service dédié de la Cour des comptes pour réaliser cette tâche.
Cette contrainte est appliquée concrètement lors de la demande de validation de la proposition. C'est la Cour des comptes qui est chargée de juger de la cohérence du budget et de la stratégie de financement, avant que la proposition ne puisse être soumise au vote.
Exemples de propositions dépensières :
Toute dépense de l'État est classifiée dans un programme, qui correspond à une ligne budgétaire. Par conséquent, une proposition dépensière - à l'exception d'une proposition dépensière fiscale - devra nécessairement s'intégrer dans un programme hôte. L'auteur doit choisir parmi plusieurs scénarios de financement, qui sont illustrés par la figure suivante.
Le mécanisme qu'on vient de détailler a pour but de contraindre l'auteur d'une proposition dépensière à confronter le gain espéré du projet aux conséquences négatives qu'entraînerait sa mise en place, c'est-à-dire la fermeture d'autres programmes ou l'augmentation des impôts.
L'auteur d'une proposition dépensière peut soit inclure sa stratégie de financement dans le texte de sa proposition, soit coupler sa proposition a une proposition de ressource, qui lui débloquerait les ressources nécessaires à son budget. Il peut choisir cette dernière option pour notamment alléger sa tâche de rédaction.
Une proposition propose une unique stratégie de financement, cette dernière fait partie intégrante du projet. Il est autorisé que deux propositions coexistent dans une même thématique si elles diffèrent uniquement par leur stratégie de financement. On considère qu'il s'agit de deux projets distincts.
LES PROPOSITIONS DE RESSOURCES
Les propositions de ressources permettent d'accroître les recettes de l'État - celles-ci étant principalement composées de l'emprunt et des impôts - ou de libérer des ressources.
Exemples de propositions de ressources :
Ces propositions sont classées dans une thématique spéciale du fait que leur adoption ne suit pas la procédure normale. En effet, les propositions de ressources ne sont jamais mises en place de manière directe. De même qu'une proposition dépensière doit justifier de son financement, l'exécution d'une proposition de ressources doit être motivée par une action. Il existe 2 mécanismes pour la mise en place d'une proposition de ressources :
Le Forum est ouvert de façon permanente, sur tous les sujets. À n'importe quel moment un citoyen ou une organisation peut y déposer une proposition dans la thématique de son choix. Chaque thématique contient donc des solutions variées à la problématique qu'elle pose, issues de différents milieux de la société et de différents points de vue. L'arbre des thématiques, ainsi agrémenté des propositions issues des citoyen(ne)s et des organisations, constitue une base de données organisée de projets politiques.
Cette étape de production et de classification des propositions est essentielle sur deux points :
L'arbre des thématiques est donc un outil puissant qui offre un cadre clair d'expression et de dialogue entre les acteurs du système. Il fournit les conditions optimales pour permettre l'élaboration de projets politiques de grande qualité. Cependant, du fait de sa grande tolérance, favorisant la liberté d'expression, la contrepartie est qu'il peut contenir le meilleur comme le pire. Les propositions qu'il héberge sont de qualité très variable, et peuvent autant décrire des projets brillants que des projets totalement irréalistes, voire dangereux.
Le rôle du Forum ne se limite pas à offrir une tribune d'expression. C'est l'institution qui produit la loi. Il faut donc trouver les moyens pour filtrer cette production et en ressortir des décisions qui servent l'intérêt général.
Deux questions fondamentales sont abordées dans cette section :
Les thématiques contenus dans l'arbre suivent toutes une chronologie cyclique, schématisée par la figure suivante. Chaque cycle est divisé en 5 périodes. Comme il sera expliqué plus en détail par la suite, chaque thématique de l'arbre est gelée la majeure partie de son temps, c'est-à-dire qu'aucune décision majeure n'est prise la concernant. Durant cette période elle est en cours d'exécution. Lorsque cette longue période se termine, elle débute un nouveau cycle qu'on décompose comme suit :
Dans cette section on aborde les trois premières étapes de ce cycle qui se concluent par la promulgation d'une proposition. On détaillera donc la procédure qui permet la prise de décision. Les étapes d'exécution et d'audit seront détaillées dans la section suivante.
FIXER L'ORDRE DU JOUR
Fixer l'ordre du jour, c'est décider de l'ordre dans lequel les sujets vont être débattus et de l'ordre dans lequel les décisions vont être prises. C'est une question importante puisqu'elle détermine la priorité qui est donnée sur un sujet par rapport à un autre. Pourquoi cette thématique serait-elle prioritaire par rapport à une autre ? Comment décide-t-on de cet ordre de priorité ? On rappelle que dans le cadre de la dL les débats relatifs à toutes les thématiques ne sont jamais interrompus sur le Forum. On parle donc uniquement dans cette section de la prise de décision. Néanmoins on anticipe facilement que cet ordre du jour fixé par le Forum aurait une grande influence sur le débat public dans les media par exemple.
Sous la Vème République, c'est en pratique le Gouvernement qui détient ce pouvoir. Il décide donc du sujet des débats qui auront lieu à l'Assemblée nationale et au Sénat, et de la majorité des textes qui vont être soumis au vote du Parlement. C'est dans la logique de cette constitution, qui donne de grands pouvoirs à l'exécutif. Le Gouvernement en pratique dicte les lois, et donc empiète largement sur le pouvoir législatif. La logique qui mène à ce système est de pouvoir légiférer rapidement pour que le gouvernement en fonction puisse mettre en place son programme et qu'on puisse en voir les conséquences dans le temps de mandat qui lui est imparti. Il pourra ainsi plaider en faveur de ses actions lors de la prochaine élection. C'est donc plutôt une considération de jugement du gouvernement en place qui dicte la façon dont est produite la loi, et non la recherche de la meilleure façon de produire des lois de qualité. Laisser le contrôle de l'ordre du jour au Gouvernement a des conséquences nuisibles à une production législative de qualité. Premièrement, le Gouvernement est fortement incité à fixer l'ordre du jour selon des considérations électoralistes ou de communication. Quel sujet dois-je aborder et de quelle façon pour inspirer une bonne image aux électeurs ? pour recevoir une bonne critique de tel media ? La production législative est mise au service de la communication du Gouvernement et basée sur des considérations de court terme, alors qu'elle devrait avoir une ambition universaliste et structurelle. L'exemple typique de ce type de comportement est d'accorder une réduction d'impôts juste avant la prochaine élection. Ce phénomène pousse également à délaisser certains sujets qui sont considérés comme inintéressants pour le grand public et donc sans intérêt électif. Enfin, le gouvernement souhaitant donner une image de travailleur acharné va brasser beaucoup de vent en produisant une grande quantité de lois sans fond. Deuxièmement, un autre effet regrettable est que la production législative puisse être effectuée sous le coup de l'émotion d'un événement de l'actualité. Par exemple le projet de déchéance de nationalité a été proposé trois jours après les attentats de Paris en 2015 ! On n'envisagerait jamais de laisser un individu prendre une décision critique alors qu'il est en état de choc. De même un bon système politique ne devrait pas permettre de pouvoir écrire la loi sous le coup de l'émotion. Cette envie de légiférer dictée par l'actualité est aussi bien sûr poussée par des motifs électifs, ou simplement par la pression de la population, elle crirait au scandale de voir un Gouvernement qui ne réagit pas face à un événement majeur de l'actualité. Il se peut qu'il faille une réponse rapide, mais ce ne devrait jamais être d'écrire une loi ! Finalement, cet ordre du jour fixé sans méthode précise et selon les envies du Gouvernement rend la prise de décision imprévisible et irrégulière, ce qui perturbe et démotive particulièrement ceux qui doivent les mettre en application, ou s'y soumettre. Négliger la qualité du droit sur le long terme mène à fragiliser la confiance des citoyen(ne)s envers l'État. Pourquoi devrais-je respecter une loi qui a été rédigée pour servir des intérêts personnels ?
C'est pourquoi dans le cadre de la dL on propose un système dans lequel l'ordre du jour n'est contrôlé par aucun acteur. On ne veut pas que l'actualité, ou les medias, ou des considérations électorales, dictent l'ordre du jour. On souhaite que ce soit le système politique qui dicte les sujets à considérer, et non que la loi soit écrite suite à des faits divers. On veut découpler l'ordre du jour de l'actualité de façon à prendre des décisions à froid et de façon rationnelle. Un moyen très simple pour le réaliser est de le déterminer de façon aléatoire, en sélectionnant aléatoirement à intervalle régulier les thématiques de l'Arbre qui seront soumises au vote. Ce choix de désignation aléatoire des thématiques peut paraître surprenant au premier abord. Rappelons déjà que de recourrir à l'aléatoire n'a rien de nouveau et qu'on y a recours actuellement dans notre société pour traiter de sujets très sérieux, comme par exemple pour désigner les jurés à la cour d'assises, ou plus récemment pour la désignation des 150 citoyens de la Convention citoyenne pour le climat. Le recours à l'aléatoire est pratique lorsqu'on cherche à faire un choix de façon objective. Ici, il permet de mettre toutes les thématiques sur un même pied d'égalité. De la sorte, on évite le risque d'un traitement démagogique des thématiques. Ce système force également les acteurs à traiter de la même manière les thématiques qui a priori ennuient tout le monde, ce qui ne veut pas dire qu'elles ne sont pas importantes !
FIXER LE RYTHME DE TRAVAIL
On rappelle qu'on traite dans cette section de la procédure normale pour traiter des décisions structurelles. On assume de proposer un système lent, car on cherche à proposer un système qui prend des décisions relatives à des systèmes très inertiels (système éducatif, système fiscal, système de retraite…). Il est donc important que la prise de décision soit lente. Étant donné la complexité des systèmes considérés, il faut un temps d'analyse long pour les comprendre et un débat démocratique long pour les expliquer. Ces temps ne sont pas compressibles si on veut produire des décisions de qualité. Suite à la mise en place d'une réforme du système considéré, il faut un temps long de façon à ce qu'il s'adapte à ce nouveau changement jusqu'à se stabiliser, jusqu'à ce que les agents qui travaillent dans ce système, ou les citoyen(ne)s qui bénéficient du service, aient pleinement intégrés la réforme. À partir de ce moment seulement peut être réalisé une analyse fiable des conséquences des mesures qui ont été prises. Prendre sans interruption des décisions sur un système qui évolue plus lentement que le rythme de prise des décisions a toutes les chances d'être complètement inefficace, car de nouvelles décisions sont prises alors même que le système n'a même pas eu le temps de s'adapter au changement précédent. Ce qui produit des conditions épouvantables pour analyser et contrôler ce qui est décidé. Les agents et les bénéficiaire du système en question se retrouvent submergés par des règles qui sont modifiées trop souvent et qui demandent un gros travail pour adapter son activité. Il est difficile pour un dirigeant d'entreprise de s'adapter à des règles fiscales qui sont modifiées trop souvent, ou pour un professeur de rédiger à nouveau son cours pour s'adapter à un nouveau programme. Vouloir être "réactif" sur de tels systèmes est une aberration, ils ont un temps propre d'évolution. Refuser de s'y adapter ne peut mener au mieux qu'à une grande inefficacité, au pire à les destabiliser. On propose donc un système qui force un traitement régulier de chaque thématique séparé par de longues périodes où aucune décision n'est prise relative à cette thématique.
STRUCTURE DE L'ARBRE ET DÉSIGNATION DES THÉMATIQUES
Pour illustrer de façon simple le fonctionnement de la désignation aléatoire des thématiques dans l'arbre, nous allons supposer que la dL est mise en place depuis un grand nombre d'années. Ce qui nous permet d'expliquer son fonctionnement alors que le système est établi, et de ne pas se soucier du moment de transition lors de sa mise en place. D'autre part nous allons fixer certains paramètres avec des chiffres raisonnables, comme par exemple le nombre de thématiques contenues dans l'arbre, ou le rythme de désignation des thématiques.
On considère un arbre qui contient 200 thématiques, et que le Forum désigne deux thématiques par mois. Il faut donc 100 mois pour parcourrir toutes les thématiques, soit environ 8 ans. Ce qui correspond également en moyenne au temps qui sépare deux désignations d'une même thématique. Ce rythme de travail est un bon compromis entre le temps d'analyse d'une thématique soumise au vote (2 semaines), et le temps que met le système à revenir sur le même sujet (8 ans). C'est aussi le temps moyen pour qu'un acteur du système ait rencontré une fois tous les domaines de compétences de l'État. Cela veut dire aussi qu'en moyenne un citoyen verra passer 10 fois la même thématique dans sa vie (en supposant une espérance de vie de 80 ans).
Si on laissait la désignation s'effectuer dans l'ensemble des thématiques sans contrainte, on pourrait se retrouver dans la situation où une même thématique est désignée plusieurs fois dans un intervalle de temps très court, alors que d'autres n'ont pas été désignées du tout. Afin d'assurer le roulement des décisions sur toutes les thématiques, et afin d'assurer la stabilité de la prise de décision, une fois un vote effectué sur une thématique, celle-ci est gelée pendant une durée de 7 ans, c'est-à-dire qu'elle ne peut être désignée durant cette période. Durant les 7 dernières années d'activité de l'arbre, de nombreuses thématiques ont été votées, et sont donc toujours gelées. Dans notre scénario, comme il y a 12 mois par an et que 2 thématiques par mois sont votées, cela signifie qu'il y a 12 x 2 x 7 = 168 thématiques qui sont gelées. L'ensemble des thématiques qui peuvent être désignées est donc réduit à 200 - 168 = 32 thématiques. Le nombre de thématiques dégelées est donc beaucoup plus restreint que le nombre total de thématiques dans l'arbre. Chacune d'entre elles peut être sélectionnée lors de la prochaine désignation par le Forum, elles attirent donc l'attention. En tant qu'auteur d'une proposition parmi ces thématiques, c'est le moment de faire une dernière relecture de son projet. Si la thématique dans laquelle la proposition est classée est désignée, alors il ne pourra plus en modifier le contenu.
La taille globale de l'arbre - le nombre de thématiques qu'il contient - est un paramètre important. Plus il contient de thématiques, plus le temps de gel des thématiques est important, autrement dit plus le système est lent. Au-delà de cet aspect global, la structure locale de l'arbre est également importante. Si une branche de l'arbre contient plus de thématiques qu'une autre, il y a statistiquement plus de chances pour qu'elle soit désignée, ce qui signifie que plus de périodes de vote seront consacrées à cette branche, ce qui lui donne une importance supplémentaire. Ce n'est pas un mal en soit, on imagine bien que certains domaines de compétences de l'État requiert plus d'attention que d'autres, surtout que ce découpage en domaines est largement arbitraire. On comprend bien que la structuration précise de l'arbre aura donc des conséquences sur les prises de décisions, et sur le temps consacré à chaque domaine de compétence de l'État. Un arbre bien construit doit consacrer relativement plus de thématiques sur les sujets cruciaux, tout en conservant un nombre global de thématiques raisonnable de façon à ce que le système ne soit pas trop lent. Cette construction de l'arbre des thématiques est confiée au Conseil du Forum, il peut mettre à jour la structure de l'arbre tous les 5 ans.
Une fois la thématique désignée par le Forum, on n'engage pas directement la procédure de vote. On effectue d'abord une présélection des propositions qu'elle contient. Il ne fait pas sens de soumettre au vote des propositions inapplicables ou irréalistes. Ainsi le budget des propositions présélectionnées doit être correctement évalué et justifié. De plus ces propositions doivent être cohérentes juridiquement. Par exemple, elles ne peuvent pas entrer en contradiction avec le droit européen ou avec la Constitution (dans le cas de propositions qui ne la remettent pas en cause). Par ailleurs, il ne faut pas que tout le travail repose sur le citoyen. On lui facilite la tâche du vote en lui proposant de classifier 5 propositions et non de faire une classification parmi toutes les propositions de la thématique (le nombre de propositions contenues dans une thématique n'est pas limité). La procédure de présélection délivre donc un ensemble de 5 propositions.
On rappelle que jusqu'à ce stade, les auteurs sont laissés totalement libres dans leur rédaction, et il n'y a pas de limite du nombre de propositions contenues dans une thématique. On peut donc s'attendre à plusieurs dizaines voire centaines de propositions contenues dans une thématique. Parmi elles, une grande proportion n'est probablement plus active ou n'a pas abouti à un projet concret, et une faible minorité se démarque par sa qualité et sa popularité. Afin de filtrer parmi toutes les propositions de la thématique, on propose de recourrir à deux juges.
Le premier juge est l'Administration centrale (plus précisément le Conseil du Forum, la Cour des comptes et éventuellement le Conseil constitutionnel) qui doit juger de la qualité formelle de la proposition. Il s'agit d'un jugement technique et froid, qui dans l'idéal devrait être totalement découplé d'un jugement du contenu politique du projet. Est-ce que la forme d'une proposition est bien respectée ? Est-ce que le budget est bien justifié ? Est-ce que les aspects juridiques sont cohérents ? Il semble impossible de ne pas recourrir à l'Administration dans cette procédure de présélection, car il ne ferait pas sens de proposer au vote une proposition inapplicable, même si celle-ci est très populaire.
Le second juge, ce sont les utilisateurs du Forum. Les citoyen(ne)s peuvent à tout moment exprimer leur soutien ou leur opposition à n'importe quelle proposition publiée dans l'Arbre. Au moment de la désignation de la thématique, l'Administration du Forum fait la somme des opinions de tous les utilisateurs pour toutes les propositions hébergées, en attribuant un point positif en cas de soutien, et un point négatif en cas d'opposition de la part d'un utilisateur. On attribue ainsi une note à chaque proposition, qui quantifie sa popularité parmi les utilisateurs du Forum. L'Administration du Forum peut ainsi classifier les propositions de la plus populaire à la moins populaire (voir la figure suivante). On attend des utilisateurs un jugement de la forme des propositions, mais surtout un jugement du projet politique. L'analyse des utilisateurs a peu de chance d'aller aussi en profondeur que l'analyse de l'Administration sur les aspects juridiques et budgétaires. Cependant ils sont autorisés à exprimer un avis subjectif sur la valeur du projet politique défendu, contrairement à l'Administration qui se doit de conserver un avis aussi neutre que possible.
Il faut noter que l'utilisation des soutiens des utilisateurs pose des problèmes de sécurité importants. Que se passerait-il si ces soutiens des utilisateurs étaient révélés publiquement dans le cas d'un piratage informatique ? Ne serait-ce pas presque comme si on révélait les votes des utilisateurs du Forum ? Il faut donc considérer sérieusement la sécurité informatique du Forum et en particulier garantir un accès anonyme aux citoyens.
Finalement, la procédure de présélection des propositions peut être résumée avec le schéma suivant.
Elle se déroule donc comme suit :
À l'ouverture de la période de vote, 5 propositions ont donc été présélectionnées. Elles correspondent à des propositions qui ont connues un certain succès parmi les utilisateurs du Forum qui se sont intéressés à cette thématique puisqu'ils leurs ont apporté leur soutien. De plus elles ont reçu la validation de l'Administration centrale, chacune d'elles présente donc un projet cohérent en terme budgétaire et juridique. Il faut qu'au terme de cette période seule une proposition soit promulguée, ou alors aucune.
Bien que le vote électronique permettrait de beaucoup simplifier les dépouillements, on choisit un scrutin papier pour la prise de décision. La sécurité du vote électronique ne convainc pas jusqu'à maintenant les experts de la question. Le traitement d'un vote papier est aussi plus compréhensible et rassurant.
Toutes les thématiques sont votées par référendum. Comme indiqué précédemment, on suppose un rythme d'un dépouillement toute les deux semaines. Le nombre de scrutins est donc nettement plus élevé et régulier que sous la Vème République. Cette difficulté semble insurmontable. En cherchant à proposer un système politique dans lequel le citoyen a des moyens d'expression plus riches, on se heurte nécessairement à ce qu'il puisse s'exprimer plus souvent. On craint donc que les citoyens doivent se rendre au bureau de vote de façon trop fréquente, et ainsi que le système soit rendu invivable dans la pratique.
Afin de limiter ce phénomène, le vote est pratiqué d'une manière différente. Alors que sous la Vème République, le vote est en général ouvert sur une journée, la période de vote d'une thématique sous la dL est de deux mois. On offre au citoyen une flexibilité plus grande. Il est plus libre de choisir la date où il va se déplacer pour aller voter. Surtout, le gros avantage de ce système est que les périodes de votes de plusieurs thématiques se recoupent. En permanence, 4 votes de thématiques sont ouverts. Ainsi le citoyen souhaitant optimiser son nombre de déplacements au bureau de vote peut s'y déplacer une fois tous les deux mois sans louper de scrutin, comme il est illustré sur la figure suivante. Au final, même si globalement la dL est un système plus engageant pour le citoyen que la Vème République, grâce à ce système de vote glissant, il devient imaginable de le concilier avec la vie quotidienne.
Les bureaux de vote sont donc ouverts de façon continue. La permanence des bureaux est assurée par des citoyen(ne)s tirés au sort dans la liste électorale de la commune, renouvelée toutes les semaines.
La méthode de vote utilisée pour départager les 5 propositions est le jugement majoritaire. La proposition qui remporte le scrutin est adoptée par le Forum et elle entre en phase d'exécution. Ce qui clôture la procédure de prise de décision sous la dL.